Le Taj Mahal, symbole de l'amour absolu

le Taj Mahal : un mystère.

Les superlatifs abondent dans la littérature de voyage pour décrire la magnificence et l'incomparable beauté du Taj Mahal. Et ces éloges ne sont pas usurpés. Le Taja Mahal est sans conteste le joyau de l'art indo-islamique funéraire. l fut élevé au XVIIème siècle à Agra, la capitale de l'époque, par l'empereur moghole Shah Jahan qui voulait un mausolée sans pareil pour son épouse favorite Mumtaz Mahal, décédée prématurément en mettant au monde son 14ème enfant.

Le Taj Mahal n'est pas seulement une icône de l'Inde. Il est également le symbole universel de l'amour. Cette universalité explique sa notoriété jamais égalée par un autre monument.

Pourtant, une question se pose : le Taj Mahal est-il vraiment une ode à l'amour chantée par un empereur pleurant sa défunte épouse ?

Les historiens contemporains s'interrogent et doivent démêler des siècles de légende pour tenter de faire la part du mythe et de l'histoire.

Le taj mahal : une histoire.

Shah Jahan est le 5e empereur moghol, venant après Bâbur, Humâyûn, Akbar, et Jahângîr, son père.

Au terme d'intrigues et de luttes de cour, il accède au trône en 1628, après avoir fait exécuter ses frères.

Fils de l'empereur Jahângîr et d'une princesse hindoue, il aurait pu, comme son grand-père Akbar, incarner sinon l'union, tout au moins la tolérance, entre l'islam et l'indouisme. Pourtant, Shah Jahan prône l'orthodoxie islamique et multiplie les mesures à l'encontre des musulmans. 

Il ne renie pas pour autant le legs d'Akbar et se révèle habile en politique, esthète en art et grand bâtisseur.

Shah Jahan a fait ériger de nombreux monuments splendides, dont le plus célèbre est, bien sûr, le Taj Mahal à Agra.

La Mosquée de Perle à Agra, le palais et la grande mosquée à Delhi ou le Trône du Paon, dont on dit qu'il vaudrait des millions de dollars, selon les estimations modernes, sont tous des constructions de Shah Jahan. Il fut le fondateur de Shahjahanabad, maintenant connu sous le nom "Old Delhi". Il y eu aussi d'autres édifices, initiés par cet empereur créatif : le Diwan-i-Am et Diwan-i-Khas, dans le Fort Rouge de Delhi, par exemple.

Shah Jahan fut démis par Aurangzeb, son fils, qui l'assigna à résidence dans le fort d'Agra où il mourut après huit ans d'emprisonnement, à l'âge de soixante-douze ans, le 22 janvier 1666. 

Taj Mahal : une légende.

Pourtant, ce que l'histoire retient, c'est l'amour indéfectible de l'empereur Shah Jahan pour son épouse Mumtaz Mahal.

Tout empereur moghol possédait dans le zénana du palais nombre d'épouses et concubines dont le rôle se limitait à mettre au monde une descendance mâle

Shah Jahan se contente de prendre trois épouses  dont, en 1612, Arjumand Banu Begam, plus connue sous le nom de Mumtaz Mahal, "l'élue du palais". Les chroniques de la cour font état d'une relation amoureuse passionnée - n'ont-ils pas eu quatorze enfants ? - ce qui est tout à fait inhabituel pour un souverain musulman de cette époque.

Lorsque Mumtaz Mahal mourut, les chroniqueurs officiels rapportent que la barbe de Shah Jahan blanchit en une luit et qu'il renonça durant deux ans aux plaisirs de la cour.

L'empereur inconsolable décida alors d'élever un mausolée, le plus grandiose de tous les temps, en souvenir de sa favorite disparue. Le chantier va employer 20 000 ouvriers et durer plus de douze ans.

Le Taj Mahal : un chef d'oeuvre architectural et artistique.

Le monument se dresse sur la rive intérieure d'un coude de la rivière Yamuna.

Sa structure en briques est entièrement recouverte de marbre blanc incrusté de pierres précieuses représentant des versets du coran et des motifs floraux, inspirés des "pietra dura" de la Renaissance italienne. Près de vingt-huit types de gemmes les composent : ambre jaune de Birmanie, lapis-lazuli d'Afghanisthan, néphrite du Turkistan chinois, cornaline, onyx et corail des régions de l'Inde...

Dans la chambre principale, protégés par une remarquable balustrade octogonale de marbre ajouré, se trouvent les cénotaphes commémoratifs de Mumtaz Mahal et de Shah Jahan. Comme il était d'usage chez les empereurs moghols, les sépultures se trouvent dans une crypte sous la chambre funéraires.

Le mausolée, la mosquée attenante, les portes monumentales, les réservoirs d'eau des bassins et les jardins occupent une superficie de dix-sept hectares.

L'ensemble est conçu sur le modèle des jardins persans censés être l'image terrestre des jardins du paradis islamique, soit deux longs canaux délimitant quatre parties, elles-mêmes subdivisées en quatre, soit seize jardins.

A l'origine, de nombreuses espèces d'arbres fruitiers et de fleurs ornaient les parterres comme il se doit dans un paradis. Mais les Anglais une tout autre vision et, lors de la restauration du XIXème siècle, ils ont préféré les pelouses rase façon "green" aux vergers célestes.

Le taj Mahal : au-dela de la légende.

Peinant à croire qu'un monument aussi grandiose ait pu être érigé par une femme, les historiens s'interrogent. 

Au delà d'un simple mausolée, le Taj Mahal ne serait-il pas un monument à la gloire de l'islam susceptible de subjuguer les sujets hindous ? Ou bien n'était-il pas destiné à afficher au monde, et en particulier aux visiteurs occidentaux, la puissance de l'Empire moghol ?

A ce jour, nul ne peut affirmer avec certitude quelles étaient les motivations de Shah Jahan : ode à l'amour ? Prosélytisme religieux ? Instrument politique ?

Et pourquoi pas un peu tout ça ?

La symbolique de Taj Mahal pensée par l'empereur reste un mystère mais, quoi qu'il en soit,trois cent soixante-dix ans après, le mausolée de Mumtaz Mahal incarne l'Inde.