Si l'on se réfère à la tradition hindoue, chaque aspect de la vie de l'homme est définie et agencée en fonction des époques et de leur finalité. L'homme et la femme doivent garder en tête quatre buts à atteindre. Kâma, le désir fait partie de ces objectifs assignés à l'homme, au même titre que Dharma, le devoir et d'Artha, l'acquisition des biens. Ces trois objectifs sont mis au service d'une finalité suprême la Moksha, la libération. Ces quatre « purushartâ » (buts) constituent donc la trame directrice que les hommes et femmes doivent toujours garder à l'esprit dans la réalisation de leurs tâches quotidiennes. Dans cette optique classique, Kâmaconcerne les plaisirs et l'exploration des sens susceptibles de libérer toute la saveur des jouissances terrestres, tout en conservant la sphère des devoirs humains et l'acquisition des biens en toute éthique.
Un culte est voué à Khâma, dieu de l'amour et des plaisirs charnels. Cette divinité dispense des joies voluptueuses et sait combler tous les désirs. Kâma, fils aîné né du coeur de Brâhma, régit le cycle des incarnations et connaît pour chacun le destin qui doit s'accomplir. Par sa force originelle, absolument créatrice, l'érotisme est une voie d'accès et d'excellence vers la transcendance de l'être.
A l'instar d'Eros-Cupidon, Khâma décoche des flèches qui provoquent l'amour et le désir chez celui/celle qui la reçoit.
L'amour dans l'art oscille entre le Shringara, l'expression du sentiment, et le Rama Shastra, l'art d'aimer.
Comme dans les manuels du tendre au Moyen-Age dans les sociétés occidentales et chrétienne, chaque étape du sentiment amoureux est codifié, mis en parallèle avec une convention graphique et picturale, tout en conservant sa fraîcheur, son émotion, sa délicatesse... et sans rien dissimuler.
Mais il ne faut pas réduire la conception indienne de l'amour au khâma sutra.
Ainsi, immense mausolée funéraire de marbre blanc édifiée entre 1631 et 1648 à Agra sur l'ordre de l'empereur moghol Shah Jahan pour perpétuer le souvenir de son épouse favorite, le Taj Mahal, joyau le plus parfait de l'art musulman en Inde, est l'un des chefs-d'œuvre universellement admirés du patrimoine de l'humanité et le symbole de l'amour absolu..
Pour terminer, un petit poème de Vidyapati, poète du 14ème siècle, qui décrit la passion de radha pour Krshna, qu'elle appel Madhava (mon seigneur).
Comme le miroir pour ma main,
Les fleurs dans mes cheveux,
Le kohl pour mes yeux,
La feuille de bétel pour ma bouche,
Le collier pour ma gorge,
L'extase pour ma chair,
Le coeur pour ma maison,
Comme l'aile pour l'oiseau,
L'eau pour le poisson,
La vie pour le vivant,
Ainsi es-tu, toi pour moi,
Madhava, mon bien-aimé
Qui es-tu ?
Qui es-tu en vérité ?
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